mardi 31 juillet 2007

Ce tempo de rouge

Où se cherche l'absence se trouve la violence. La violence de créer, de mettre à plat ses rêves, sa mortalité. Il ne faut bien sûr pas chercher à s'iriser d'ivresse, non plus qu'à s'éterniser. Mais, ... faisons quand même.

Et construire des phrases en marge des grammaires, en marge de soi-même. La belle affaire. Pour affirmer son style, son tambour personnel. Ce tempo de rouge. On écrit un peu avec son sang, de celui qui boit, qui bouillonne, quand on a froid, peur, faim de lèvres.

Où se perd l'absence se noue la délivrance.

(sur One more red nightmare, de King Crimson)

dimanche 29 juillet 2007

Et l'absence et l'absence et l'absence...
Ce trou noir des mots
Mon beau tango
De fulgurances
Du futur
Que l'on imagine
Lèvres closes
Paupières ouvertes
Et l'absence et l'absence et l'absence
Ce refrain ouvert...

Porte à porte

Et tu restes-là sur le seuil entre le
Monde plein de semblables à toi-même
Et ta solitude bourdonnante
Du monde entier


Extrait d'un poème de Robert Desnos, voir ici

Pécuchisons

"La bêtise n'est pas d'un côté, et l'Esprit de l'autre. C'est comme le Vice et la Vertu. Malin qui les distingue."

Gustave Flaubert, lettre à Louis Bouilhet, 1855.

mardi 24 juillet 2007

Prophylaxie

«Tant que la lecture est pour nous l’incitatrice dont les clefs magiques ouvrent au fond de nous-même la porte des demeures où nous n’aurions pas su pénétrer, son rôle dans notre vie est salutaire. Il devient dangereux au contraire, quand, au lieu de nous éveiller à la vie personnelle de l’esprit, la lecture tend à se substituer à elle, quand la vérité ne nous apparaît plus comme un idéal que nous ne pouvons réaliser que par le progrès intime de notre pensée et par l’effort de notre cœur, mais comme une chose matérielle, déposée entre les feuillets des livres comme un miel tout préparé par les autres et que nous n’avons qu’à prendre la peine d’atteindre sur les rayons des bibliothèques et de déguster passivement dans un parfait repos de corps et d’esprit.»

Marcel Proust, Sur la lecture

Je crois être sur la voie de la guérison, concernant la maladie décrite ci-dessus. Youpi.

(extrait trouvé ici)

dimanche 8 juillet 2007

Tu

J'ai toujours écrit en face de l'absence. Mon lecteur, c'était mon propre silence. Aujourd'hui, je ne sais pas dire "tu" car tu construis ma vie, tu colores mes joues, tu me réalises. Aujourd'hui, je ne sais pas dire "je t'aime" sans me taire.
Le romanesque est plus flagrant dans le réel que dans le roman lui-même.

Bien possible...

"Le romancier authentique crée ses personnages avec les directions infinies de sa vie possible, le romancier factice les crée avec la ligne unique de sa vie réelle...

Le génie du roman fait vivre le possible, il ne fait pas revivre le réel"

Albert Thibaudet
, Réflexions sur le roman
"On ne peint bien que son propre coeur, en l'attribuant à un autre"

René de Chateaubriand

samedi 7 juillet 2007

La vie, ou sa seconde

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. . . . . . . .. .... . ?

Vies minuscules

"J'observai par le détail des vies qui me restaient étrangères"
Sophie Calle

Rides, pliures, éclats et ouvertures: l'être humain comme un personnage de fiction à lire.

jeudi 5 juillet 2007

Où je comprends Céline

Ce soir, il y avait à la TV l'émission de Yann Arthus-Bertrand. Nous finissions de manger. Les couverts résonnaient. L'écran parlait de la déforestation (en quelques années, 30 pays sans leur forêt vierge), de la disparition de diverses espèces (environ une toutes les 18 minutes), etc.

Les grands thèmes.

Au bout de dix minutes, je suis partie. Comme une coupable, dans ma chambre, ma cellule de pensée, des livres et leurs idées éparpillés dedans.

On avait raison. Tout n'est que poussière. Ce n'est qu'ici qu'on peut rencontrer notre propre éternité. De lâcheté, ou même pire, d'intérêt. Et cette fichue trouille qui nous macère l'estomac, les rides, le style... Coupables, et tournant en rond, comme le prisonnier dans sa cellule, comme le poisson rouge n'ayant pas de mémoire.

Merde, quoi.

Je fixe le mur blanc. L'angoisse.

Ô monde, monde étranglé, ventre froid !
Même pas symbole, mais néant !*








[et après ce silence, ce tableau peint de désespoir, je repris tranquillement ma place entre les pages, car cette culpabilité n'est que conscience humaine, bonne parfois, entre deux lèvres, deux pages, deux discours en tant que maître]

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* Henri Michaux, La nuit remue

mercredi 4 juillet 2007

Excroissance

Il n'y a rien de sacré dans la littérature. Elle ne fait que parler d'un embryon, repoussant et créant des paroles et du silence, vers d'autres embryons. Alors parfois, bien sûr, il y a avortement. On ne sait si c'est le destin qui l'a signé d'un grand coup de pinceau ou bien si c'est notre fichue liberté qui l'a décidé, mais il y a destruction.

Et puis bien sûr tout recommence. Comme deux corps enlacés. Et toute l'horreur et la beauté surgissent de ce paradoxe: la littérature est monstrueuse.

Cette garce qui est à la fois grâce.

Ce miroir de nous-mêmes.