C'est si facile de vous trousser un petit mot joli, tandis que les immeubles le soir bleuissent d'ennui, vibrent de viols. Et que les dépêches le lendemain matin sortent tout frais des traits d'esprit, dont on rit, mi-figue mi-raisin, en allant chercher son pain. Quelques heures après, on s'échange entre amis et famille les nouvelles, entendues, vues, mises à nu. Ce sont des nuées de discours plus ou moins généraux, selon le grade, selon la table. Chacun y met ou pas son grain de sel. Et ainsi de suite jusqu'au lendemain, où le journal de la veille gît, aîné d'une famille nombreuse, sur le tas à brûler, quand l'hiver sera là. Quelquefois donc on ressort du bois réchauffé, on trousse un mot joli, et puis. Flambée. Les incendies de l'esprit se résumeront à un confort poétique devant la cheminée.
Ce soir j'observais la nuit, bleue comme une flamme. C'était l'incitation à de bien poétiques sujets, courant d'eux-mêmes dans mon esprit comme des papillons affables. Mais l'on est au bout du compte affamé d'autre chose. Rendre compte de la vie sans trahir bien et mal me donnent bien du mal. Il faut être fictif, à tout prix, pour se rire de ces notions-là.
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5 commentaires:
Exactement.
Je me suis enfui... à la recherche d'une photographie, en quelque sorte, qui rendra vain tout ce que je tenterai d'écrire jusqu'à ce que je réussisse, je ne sais pas encore trop de quelle façon, à la digérer.
Je m'en suis rendu compte en lisant Hamlet, avec tout d'un coup "A dream itself is but a shadow". Or cette photographie, c'est celle de l'ombre d'un batlier à Venise.
Je retourne la voir ce soir, comme tous les mercredis. Comme une amante, un peu. C'est pour une amante que, d'habitude, l'on s'enfuit...
Il est passé par ici, il repassera par là (ou comment illustrer le bon vieux dicton "quand yen n'a plus, yen a encore").
S.
J'ai été fureter par là-bas. Ton ombre sur les mots s'embellit, et se réalise.
J'ai pensé indirectement à toi, hier, en voyant chez un bouquiniste un recueil portant le titre de "Héros-limite". Gherasim Luca m'a fait un clin d'oeil, lui que je n'avais jusque là jamais remarqué dans tes sous-titres.
Porte-toi bien, dans tous les cas.
"Héros-limite", fantastique recueil. Et tous les autres... je pense sérieusement à diriger mon master autour de ce M. Luca..
En attendant (qui a dit "Godot" ?), je continuerai à suivre tes murmures avec grand plaisir.
Amitiés.
Les ombres allongent, partout. Bientôt la nuit d'acier. Elle descend sur nous. Mais je compte sur vous, Français. Vous ne le réalisez pas, mais vous faites partie des espoirs. Pas vos imbéciles, évidemment. Ni vos fachos. Eux feront ce qu'ils ont toujours fait.
Mais pour ceux qui comme vous, Cavatine, savent encore voir, et dire. Regarder et voir. Pour ces nombreuses âmes encore en vie parmi vous, je viens.
Je serai là tantôt.
Et ensuite, chais pas.
On verra.
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