samedi 23 juin 2007

Vacances

Retour paradoxal dans la ville de la prépa, où les tissus (de la valise, de mes livres et des muscles) s'éploient un peu plus librement, du moins, à ce qu'on croit.

"Plus tard, je veux faire des études pour devenir héroïne de roman. C'est un bon métier, et cela permet de vivre au passé simple".

Alain Robbe-Grillet, Djinn

Chiffons

J'ai du mal à me supporter, parfois. Ce terrible égotisme rit quelquefois sur les murs de ma prison de nuit, où je retourne sans cesse les draps, comme ma pensée.
Le vent ainsi parfois me rassure en disant que ce n'est après tout qu'un tissu déchiré.

L'alchimie

Un peu comme après l'amour, l'on se sent sans force après la naissance d'un écrit. Pour certains même, un peu de dégoût, à ce que j'ai entendu dire, pour un bref moment, pour avoir créé sa vie en un bref fragment de soi et d'autrui.
C'est cette notion de partage et d'égoïsme qu'il faut retenir, en plus de cette conscience que l'on s'échappe, à travers l'encre ou d'autres fluides.

Peur et plaisir ! Sommes-nous donc tous alchimistes ?

jeudi 21 juin 2007

Tempo

J'écris pour oublier le temps infini. Je crée pour m'oublier derrière les oeuvres, ce temps d'autrui.

(évidemment, on n'acceptera jamais ce genre de choses en khâgne...phrases sans plan condamnées à rester en plan, pour un temps, sur ces carnets décousus)

mercredi 20 juin 2007

Promenade

Promenade en forêt. Les branches qui craquent, les fougères qui s'écartent. Le ciel lourd comme une paupière. Une foule de papillons noirs sortait des feuilles, papillons que l'on appelle plus communément mélancolie.

Et les feuilles crissent.

mardi 19 juin 2007

Grimoire


"On finit par tirer vanité d'un sous-entendu qui change tout, comme un signe négatif discrètement placé devant une somme; on s'ingénie à faire çà et là d'un mot plus hardi l'équivalent d'un clin d'oeil, du soulèvement de la feuille de vigne, ou de la chute du masque aussitôt renoué comme si de rien n'était. Un tri s'opère de la sorte parmi nos lecteurs; les sots nous croient; d'autres sots, nous croyant plus sots qu'eux, nous quittent; ceux qui restent se débrouillent dans ce labyrinthe, apprennent à sauter ou à contourner l'obstacle du mensonge. Je serais bien surpris si on ne retrouvait pas jusque dans les textes les plus saints les mêmes subterfuges. Lu ainsi, tout livre devient un grimoire.
- Vous vous exagérez l'hypocrisie des hommes, dit le capitaine en haussant les épaules. La plupart pensent trop peu pour penser double."

Marguerite Yourcenar, L'oeuvre au noir

lundi 18 juin 2007

Search Query

Quelques mots-clefs qui ont permis selon mes statistiques d'accéder à La Cavatine:

Les scolaires:

- comment dit on espoir en grec? (è elpis, semble-t-il)
- mon année en khâgne
- faire jouer moliere a des eleves en difficulté
- traduction ovide jolie menteuse (assez bonne définition de la traduction en général...)
- aboli bibelot d'inanité sonore explication
- andré gide si le grain ne meurt fiche bac
- georges fourest la négresse blonde analyse
- a quoi sert l'imparfait
- poesie commencant par il y avait ou il y a rimbaud sonnet
- commentaire du poème l'étrangère de louis Aragon (ce dernier étant bien sûr cité maintes et maintes fois)

Les "sensuels":

- la premiere fois textes erotiques
- défloration avec images (hum)
- je m exhibe toute nue partout toute l année (credo de la blogueuse moyenne)
- des cadenas ciselés (Sade n'aurait pas craché dessus...)
- hymen fragile
- la tete qui tremble avec perte de connaissance
- cabaret neiges noires

Les lucides:

- soyons bete
- n'exprimant que la vie abjecte
- cavatine de valeur (!)
- tu as une violence d'esprit irrésistible
- quelques mots qui te font prendre conscience que ce n'était qu'un rêve

Les pratiques:

- anti pissenlit
- faire survivre un bebe oiseau
- craille de fenetre
- 65 numerologie bon ou pas
- cuve a ensevelir pour eau de pluie
- cycles lunaires coupe bois
- peindre ombre et lumiere d'ete
- poeme pour dire aurevoir au travail (soupir...)



Digestif

J'ai des bouts de phrases qui collent aux lèvres. Rouges, comme de la sauce tomate, des pâtes... ou bien des vers. Le système digestif, comme l'avaient compris Rabelais ou Victor Hugo, est le symbole de la littérature humaine. L'homme, cet animal poussant des vers dans son jardin... que ce soit aux Tuileries ou bien sous le couvert de son lit. Il faut digérer ces aspects-là pour coller de plus près au vrai.

TP (Tissu Plié)

"Je ne sais pas comment tu tiens le fer à repasser, mais c'est pas un crayon".

Mon inconscient a du trop bien imprimer que le texte s'allie à l'origine avec le tissu.

Sur drap blanc

La nuit blanche sur les ongles. Cela peut paraître poétique, mais il n'est rien de plus cruel, de plus véridique, que ce rognement des ongles, quand la nuit se fait absence, ou plutôt quand la nuit nous parle d'absence.

Boîte à idées

Cncerts, d'Henry Cow
The Wall, d'Alan Parker
Arntor, de Windir
Musica callada, de Federico Mompou

Abstraction

Nous vivons comme les soupirs. Inconnus des uns, intimes pour quelques autres. Entrailles des souvenirs. Le soupir, ou la fusion du mot et du silence que tout langage porte.

dimanche 17 juin 2007

J'écoute, je lis. Je n'ai plus aucune pensée. Plus aucune volonté critique, si ce n'est me critiquer moi-même. Incapable de structurer sa pensée, de dire combien le film Pink Floyd, The Wall, m'a marquée, combien les glaces au centre-ville coûtent cher, combien la conversation à table où l'on cherche à y mettre son grain de sel m'effrait, combien de livres, combien de salive, combien de cils... combien de temps, par poignées, combien de poussière. Combien, de mots, pour dire, ce qui est entre parenthèses, ce qui est circonscrit à ma vie, ce qui erre sur mes lèvres, que ce soit sa bouche ou un poème, un mot d'ordre, une nuit, un crachat, des tiroirs de soupirs...

Et que dire sinon la pluie ?

Contre l'oreiller

Je passais ma langue sur mes lèvres. Ou étaient-ce les siennes ?

mercredi 6 juin 2007

Marchand d'oublis

Il y aura toujours un poème sifflé entre les lèvres. Oublié quand sonneront les vêpres, ou les klaxons. Il y aura toujours un chant que le mot ne dira pas. Il y a aura, se dit-on alors qu'on murmure, emporté par sa voix, un vide de page à combler. Mais toujours le jour, l'espace, se fait, entre ce que l'on dit et ce qui se garde en mémoire. Résultat final: rien n'aboutira, si ce n'est la réflexion sur cet oubli là. Je murmurais ainsi un poème oral que personne au grand jamais, pas même moi, ne connaîtrait. Et le ciel muet semblait dire: ainsi-soit-il. La parole se fait par l'oubli.