Partout, tout autour, il y en avait partout. Tout n'était que tournée de pensées, sur le pré, sur le bleu ciel, sur ces fournées d'enfants qui couraient et faisaient des tours sur les tourniquets verts du quai. Le jeu de mots se faisait tour d'esprit dans l'esprit qui retournait les nuages, et tout vacillait dans cet écart du langage silencieux. Car l'on ne disait rien, l'on ne disait pas, ce qu'était ce tour heureux que nous jouait la vie. Assis tous les deux, des pensées plein les sourcils, par tous nous vivions, l'air qui respire. On n'a pas idée de la vie. La vie n'est qu'une idée, à laquelle il faut s'adapter. Mais ces tournures de phrases ne se font ressentir que par le français bavard, hélas, hélas. Hélas, tout ce que j'écris ne ressemble qu'à un vaste amas de pensées détrempées, trop abondamment arrosées de métaphores, de tours de cirque, pour plaire aux enfants cultivés.
J'erre comme une pensée dans la langue française, faisant des montagnes russes sur les rails de la grammaire... que serait le ciel de nos idées sans images ? Le tout est de ne pas les confondre avec nos mirages.
Qu'est-ce qu'un mirage, dans nos villes sans désert apparent ? Le désert, au mauvais sens du terme, c'est la pensée sans tâche, je veux dire sans contraste, sans ombre et lumière, sans... la réflexion justement sur le désert, sur les limites, sur l'éploiement des images. Mais le vrai désert, celui dont parlent les textes, est recherche de sa propre image, dans le miroitement des mirages offerts par autrui, par ce qui nous regarde et parle de nous.
Le désert de la littérature est en ce sens inégalable. En même temps bien sûr qu'inégal. La plupart des oeuvres s'en iront rouler dans le sable de l'oubli. L'oubli... une autre image qui a son importance. "Un froid soudain dans la conscience d'être", disait Aragon. Ces dizaine de pensées qui coulent, courent, dans les têtes, face à une image, une présence, une scène comme celle esquissée ci-dessus. Sur ce banc, sur ce quai, sur cette main que je tenais, pensais-je que j'irais raconter ce réel, transformé déjà en image par le poids des lignes qui s'entrelacent ?
La prose me semble un immense champ de vision où le mirage du réel nous donne pleinement conscience d'être. Marcher ainsi dans le désert, pour comprendre la nuit et le soleil, la profondeur issue de ces images dépassant le réel auquelles elles appartiennent.
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